Pierre Laure fait son entrée au catalogue Gorge bleue avec Des phalènes !, un texte hybride, surprenant de densité. On lui a posé quelques questions, en route pour un entretien au long cours fascinant !
Pierre, tu signes à la rentrée littéraire ton premier texte : Des phalènes ! chez Gorge bleue ; si tu devais présenter en quelques mots ce que tu y déroules, que nous dirais-tu ?
Lors du premier confinement 2020, Alma Jousseaume est changée en arbre et le salon de la maison maraîchine où elle a pris racine devient peu à peu jardin. Sa compagne, Paule Courlis, essaye depuis des semaines de vivre tant bien que mal cette nouvelle et inédite situation. Mais, le temps d’une nuit, entre la solitude, les songes et l’arrivée d’une fée, Paule va s’autoriser, elle aussi, à se transformer.
Dans Des phalènes !, plusieurs personnages se donnent la réplique. Qui de Paule, Alma ou Rhoda t’es venue en première ? Maintenant que tu te trouves dans cette étrange période où l’écriture est terminée mais que les livres ne sont pas encore sortis, comment parlerais-tu de la relation créateur / créatures ?
Alma est venue en première du fait de sa transformation en arbre et de l’étymologie de son prénom qui signifie « maternelle, encourageante ». J’ai une certaine obsession depuis l’enfance pour des figures féminines mythologiques ou religieuses (les hamadryades, la vierge Marie, les Moires, la fée Mélusine, des saintes…) et Alma portait déjà cela en elle dans un autre récit (un roman ado) qui n’a pas vu le jour mais dont Mélusine est le dénominateur commun. Lors de la première note d’intention que je t’ai envoyée, Alma avait un rôle prépondérant dans le récit, comme Rhoda d’ailleurs et au fur et à mesure de l’écriture, Paule a pris la première place : il y a trois grandes personnalités mais c’est surtout Paule face aux autres et à elle-même. J’aime beaucoup comment les liens entre elles ont évolué de version en version.
Ta question sur le relationnel me rappelle Les Personnages de Sylvie Germain. Il s’agit d’un court essai de l’autrice que je relis depuis plus d’une dizaine d’années et qui contient, à mon sens, de nombreuses vérités sur la manière dont les personnages prennent possession de nos écritures. Je crois beaucoup à la liberté propre des personnages : si on les écoute, celleux-ci empruntent des chemins plus naturels que ceux figurant sur notre plan bien détaillé. Je sais que Paule, Alma et Rhoda viennent d’abord de moi, de mon expérience de vie, de mes lectures, de mes influences (Virginia Can You Hear Me ?) et intérêts, mais elles ont pris une part qui leur sont siennes et qui, finalement, me différencie d’elles. Dans cet entre-deux d’avant parution, j’ai l’impression qu’elles attendent tranquillement dans la maison du récit et profitent du jardin, comme s’il s’agissait de coulisses avant une représentation. Qu’elles puissent bientôt aller à la rencontre d’autres personnes et espaces de je(u) est assez grisant.
Paule, ton personnage principal, est une femme d’une soixantaine d’années, ce qui dans le paysage éditorial est assez rare pour être signalé. D’autant plus que - attention révélation – il se trouve tu n’es pas une femme d’une soixantaine années. Qu’est-ce que ce personnage t’a permis de déployer ? Pourquoi était-ce important que Paule soit Paule telle que tu l’as pensée (femme, d’une soixantaine d’années, créatrice, en couple avec une autre femme) ?
Paule est des trois, celle avec qui j’ai le plus hésité, tant pour son genre (il y a eu Paul au début, en tant que compagnon d’Alma) que pour son prénom (elle s’est aussi appelé Louise, Pauline et Rachelle). Je me suis longtemps demandé si je pouvais me permettre de porter sa voix ou non. Et puis, on en a parlé et je me suis rassuré : j’avais ton accompagnement et je savais que faire appel à une Sensitivity Reader serait possible si j’en ressentais le besoin. Au final, je ne pense pas avoir questionné des approches spécifiques qui auraient nécessité un regard extérieur (je suis resté dans une psyché, davantage que dans la description d’un quotidien qui, là, aurait nécessité des recherches et de la valorisation) et je me suis autorisé à prendre pleinement ma place de conteur.
Il y a eu un projet avant Des phalènes ! qui reprenait des grandes lignes du récit. Dans cette version, Alma et Paule étaient remplacées par un couple d’hommes, Simon et Arnaud. ça aurait été bien aussi un couple gay mais c’est en entendant une émission avec la comédienne Dominique Blanc qui parlait des femmes et des rôles au théâtre puis d’autres podcasts où il était question du genre dans les fictions que j’ai souhaité que la pièce ait une distribution féminine. Je me considère allié à la cause féministe et en ce sens, je me sens responsable à mon niveau de régulièrement me questionner ainsi que les récits que je propose, tant dans le fond que dans la forme choisie.
Pour l’âge comme pour l’orientation affective et sexuelle, il me semble évident qu’il faille mettre à nue, par nos créations, ce que la société continue d’invisibiliser : nos mots sont politiques, j’y crois dur comme fer, et ce, même s’il on en passe par l’imaginaire. L’esprit et le corps d’une femme de soixante ans, c’est important de les montrer, de les filmer, d’écrire dessus et le but n’est pas de s’emparer gratuitement d’un sujet mais bien de l’accompagner. Paule s’exprime et rêve avec son expérience d’une femme de soixante-quatre ans, avec son approche du corps vieillissant, de l’amour, de l’absence, de la scène, du désir…
J’ai voulu un couple de créatrices à l’instar de Claude Cahun et de Marcel Moore. Ces deux artistes me fascinent et comme elles, je voulais pour Paule et Alma une reconnaissance mutuelle de leur travail, de leur approche de la création, de la nourriture permanente de l’une à l’autre. J’ai pensé un temps à ces compagnes plus dans l’ombre telles que Grace Frick avec Marguerite Yourcenar ou Alice B. Toklas avec Gertrude Stein mais j’avais envie que pour ce récit, les deux aient une place égalitaire.
Lors de l’écriture, j’ai découvert des œuvres de fiction avec des héroïnes sensibles et fortes face à l’adversité qui m’ont ému et inspiré : la narratrice de Le mur invisible de Marlen Haushofer ou Uqsuralik de De pierre et d’os de Bérengère Cournut. Rendre visible des femmes sans qu’elle ne soit là par et pour la valorisation des hommes cisgenres, ça fait du bien à inventer et à lire.
Les premiers retours des lecteurices parlent de tendresse, de douceur, de remous. Par ailleurs, tu es un lecteur de Coline Pierré. Peux-tu nous dire quelques mots de ton rapport aux fins heureuses ? cf. Éloge des fins heureuses, éd. Daronnes, 2023.
L’essai Éloge des fins heureuses de Coline Pierré a changé mon regard sur la manière de raconter, de lire ou de voir des récits, que ce soit sur le papier, sur scène ou au cinéma.
Je suis quelqu’un qui navigue parfois entre sarcasme et cynisme et la lecture de l’essai m’a permis de me dire : “allez, fais pas ton vieux con, toi aussi tu apprécie quand les amoureux s’embrassent à la fin”. Oui, voilà, j’aime quand des histoires se terminent bien parce qu’on en a soupé et on en soupe encore des fins pleines d'amertume car soi-disant plus esthétiques. Un esthétisme mortifère, oui ! J’y ai pourtant longtemps cru à cette beauté-là. Seulement, quand les rares fictions gays que je pouvais lire ado étaient des histoires d’amour impossible ou éphémère, ça n’aidait pas vraiment à se projeter dans une vie joyeuse d’adulte. Pour la fiction queer, on arrive enfin (dans les années 2020 !) à sortir du schème “Deux garçons sexys + un weekend merveilleux ensemble + ils ne se reverront jamais”. Je parle d’amour mais ça pourrait être sur l’amitié ou des relations familiales ou les réussites professionnelles, artistiques de personnages ou même un quotidien qui change… Offrir une fin heureuse aux personnages, ce n’est pas arrêter un récit dans un “tout est merveilleux maintenant” mais amener ces derniers vers une fin porteuse de vitalité et de possibles pour eux, sans omettre que oui, parfois, la vie contient son lot de plaies que l'on doit patiemment cicatriser. Le travail de Coline m’a appris à m’autoriser d’être un ourson à la guimauve plutôt qu'un grizzly broyeur de destins : je m'en porte bien.
Comment as-tu donné sa forme à Des phalènes ! ? Qu’est-ce que le théâtre narratif et quel rapport entretiens-tu avec l’idée de mise en scène de ce texte ?
Je suis passé d’une envie d’écrire une pièce à celle d’en faire un roman pour finalement retourner à un projet de pièce : je crois qu’on perçoit le passage de ces étapes dans cette version finale qui explore un théâtre qu’on peut nommer, oui, de narratif. Le théâtre narratif comme je l’entends depuis mon adolescence est un peu dans la lignée d’Un spectacle dans un fauteuil de Musset, c’est à dire une oeuvre qui contient les codes et la forme du genre mais qui est à la fois pensée pour un lectorat autant que pour des spectateurices qui viendraient assister à la représentation (Musset était, je crois, plus catégorique que moi). Le théâtre est généralement écrit pour la scène comme un roman qui serait avant tout fonctionnel ; les didascalies sont présentes comme indication de jeu, de déplacement, de décor... Je voulais aller plus loin et même si l’espace scénique est au cœur de Des phalènes ! avec ses côtés jardin et cour, je souhaitais une narration présente qui soit généreuse et fantaisiste. Cette voix, je l’ai emprunté au roman et au conte. Et pour l’espace scénique, bien ancré dans ma tête, il m’a permis de mieux visualiser ce que j’écrivais comme une maison de poupée dans laquelle on peut déplacer les meubles et les personnages.
On me dit souvent “je n’aime pas ou je ne sais pas lire du théâtre” : j’aimerais que cela puisse changer car en terme de potentiel de récits et de personnages, de nombreuses pièces sont pour moi aussi enthousiasmantes à lire qu’un bon roman : je pense par exemple à Arcadia de Tom Stoppard qui m’avait fasciné ou les pièces de Thomas Bernhard que j’aime autant que ses romans (Maître, par exemple, qui me fait beaucoup rire). La lecture du théâtre est une invitation à la rêverie, à faire travailler notre imagination de mise en scène, de mise en voix (si vous pouvez, lisez à voix haute).
Du fait de cette narration particulière et de la liberté que j’ai pu me permettre, je me dis qu’une représentation “classique” de la pièce serait plus complexe qu’une lecture théâtralisée, mais je suis une personne curieuse et je sais qu’il y a tant et tant d’esprits autrement créatifs pour faire vivre une mise en scène de ce récit. J’aime aussi dans le théâtre, cette seconde vie de la mise en scène et du jeu : j’ai donné le matériau et d’autres personnes vont le modeler avec ce qu’ils sont.
Des phalènes ! devait au départ s’appeler Des fées. Ce changement de titre est-il réellement un renoncement à l’intervention du merveilleux ? Comment celui-ci fait-il finalement irruption et quel est ton rapport au merveilleux dans la fiction contemporaine ?
Initialement, Des fées faisaient référence à Les Fées, un conte de Perrault qui me fascinait enfant et auquel j’ai fait un clin d'œil dans le récit. Dans une ancienne version de Des phalènes ! (celle avec les deux hommes), Simon, le personnage principal, disait voir des fées dans le jardin : on ne le croyait pas jusqu’au jour où il allait être changé en arbre.
Que ce soit devenu Des phalènes ! n’a finalement rien changé à l’intervention du merveilleux et telle une fable ou un conte, j’y ai apposé un sous-titre qui annonce clairement la couleur. Le merveilleux est d’abord présent par la transformation d’Alma en arbre mais aussi par ce jardin qui prend possession du salon et par des objets qui apparaissent dans le quotidien de Paule et qui ont une vie propre, entre réalité et songe. La troisième partie de la pièce est la plus merveilleuse et celle qui m’a le plus amusé à écrire.
J’ai le sentiment que le merveilleux est encore un domaine qu’on associe, à tort, uniquement à l’enfance. Il n’y a pourtant qu’à voir les parutions de fantasy, de fantastique ou même de littérature japonaise ou latino-américaine avec leur réalisme magique, pour comprendre que le merveilleux plaît et est nécessaire aux adultes. Voyant de près les sorties éditoriales, je crois qu’il y a un tournant actuellement en littérature européenne et surtout française où le merveilleux rejoint enfin la littérature dite blanche et où la poésie vient de plus en plus broder des récits : est-ce qu’on en viendrait pas à brûler la robuste armoire normande de papi ? Quelque chose est en train de se passer et c’est libérateur.
Pourquoi décider de proposer Des phalènes ! à Gorge bleue ?
J’avoue, j’ai voulu écrire pour Gorge bleue avant d’avoir lu un des livres de Gorge bleue donc la vérité, c’est que c’est l’éthique de cette maison indépendante qui m’a donné envie de la rejoindre et la ligne éditoriale qui faisait écho à ce que je pouvais inventer comme récit.
Je suis bibliothécaire et j’ai été libraire : depuis quatorze ans que je travaille, je vois cette surproduction éditoriale qui peut permettre, certes, de faire émerger des voix mais aussi en invisibiliser bon nombre. Il y a le pilon en édition, les retours en librairie et il existe le désherbage en bibliothèque : j’ai assez retiré des livres des rayonnages pour y mettre des nouveautés pour constater que le flux s’emballe et rend caduc le temps et les espaces de médiation. La vie d'un livre se compte éditorialement en mois actuellement, c'est questionnable. Un auteur, hors ventes assurées, aura passé plus de temps à écrire son livre que ce dernier de pouvoir trouver son public.
Savoir que Gorge bleue propose uniquement 2 à 3 parutions par an, à petit tirage, qui sortent le même jour et bénéficieront d’un même soutien de communication sur la longueur, c’est le genre de pratique que je juge politique et à laquelle j’adhère complètement.
Je t’ai proposé une version de Des phalènes ! (qui s’appelait donc Projet Les Fées), repensée pour Gorge bleue, d’après ce que je voyais des écritures des auteurices que tu as au catalogue. Ce qui me semble assez fou dans cette histoire est que cela t'ai parlé alors qu’il n’y avait d’écrit qu’une page et un paragraphe puis seulement deux ou trois pages d’un monologue de Paule. Cette confiance que tu m’as offerte, m’a permis très vite de me sentir à ma place chez toi. J’ai eu beaucoup de chance de tomber sur ton regard.
Des phalènes ! sortira en même temps que Vaisseau mère, l’as-tu déjà lu ? Comment se répondent vos deux textes à Sarah et toi, vos deux plumes ?
Sarah vient du théâtre et de la performance, comme moi, donc il y a, je pense, dans nos écritures cette habitude des voix et des incarnations. Vaisseau mère m’a ému à plusieurs reprises car il y a beaucoup de justesse dans ce récit et dans les relations humaines que l’on peut observer. Je me suis identifié aux si différents personnages : quand on peut à ce point les palper en nous, c’est que l’auteurice a réussi à nous les livrer.
L’univers du cabaret et du drag se répondent dans nos récits respectifs mais surtout la question de la famille, celle qu’on dit de cœur : nos amitiés, nos communautés et leur défense, les relations romantiques ou autre. Nous parlons aussi toustes les deux de création et du manque, du deuil : difficile de ne pas séparer ce qui naît du vide de ce qui y retourne. Je vois Des phalènes ! comme une antichambre à Vaisseau mère. Ou non, plutôt une loge, assez petite (le récit de Sarah fait 300 pages, le mien… euh… bien moins) dans laquelle on vient se préparer et se poser avant la scène et où une métamorphose commence à opérer.
Si tu es familier avec le catalogue de Gorge bleue, quel est ton rapport éventuel à d’autres textes de la maison ?
Je n’ai pas encore eu l’occasion de lire la totalité des textes parus (boooouh) mais il y a eu à chaque fois des bouleversements qui m’ont fait me dire que les auteurices de la maison me sont lié.e.s. J’aime beaucoup d’ailleurs ce concept de maison pour cela : pour moi qui joue parfois aux Sims, je trouve que ça fait très colocation, avec des chambres offrant chacune la spécificité de l’auteurice qui l’occupe et une ou deux pièces communes dans lesquelles nous nous rejoignons pour partager.
De Le silence qui cache la forêt de Marie Sélène, je retrouve le Sensible et le fantastique qui me plaît tant, à la fois doux, intime et sauvage. De En Arden de Mathilde Hug, il y a bien sûr le théâtre mais aussi la manière de dire notre génération par ses combats, ses inquiétudes, son désir de changement face à un vieux monde qui nous asphyxie. De Vulves d’Alex.ia Tamécylia, il y a l’humour et le Feu des voix et des mots pour parler du corps, se le réapproprier et le défendre des oppresseurs. Et puis, pour de Les Tombes et Entre de Madlen Roy, il y a pour le premier cette approche si libre de la narration qui déstabilise autant qu’elle réjouit et pour le second, la vulnérabilité et ce fil intime tendu sur lequel lae personnage devra apprendre à marcher. Paule a quelque chose d’Isabeau. Je me suis refusé de lire Entre tant que je n’avais pas fini d’écrire car je savais que j’allais y trouver de la résonance. Il y en a, mais c’est surtout une belle complémentarité.
C'est Hannah de Carpentier qui a réalisé l'illustration de couverture que l'on découvre sur Des phalènes ! Quel rapport entretiens-tu avec la mise en image de ton texte ?
Quand tu m’as dit que tu souhaitais proposer la couverture à Hannah, je suis allé voir son travail et j’ai tout de suite adhéré à son esthétisme et aux médiums qu’elle utilise. Il y a quelque chose d’à la fois brut et doux dans ses portraits qui me fascinent ou dans ses paysages et puis, que dire de ses couleurs ?
J’aime la possibilité que des arts travaillent ensemble, offrant aux lecteurices ou spectateurices de multiples visions personnelles d’un même récit. Parmi les propositions d’Hannah, celle qui a été choisie pour la couverture m’avait directement sauté aux yeux. Il y a une fragilité chez Paule par sa posture, sa gestuelle et son regard tourné vers quelque chose qu’on ne perçoit pas mais qui est en train de se produire à l'extérieur ou bien, en elle-même. Que cette illustration soit l’interprétation d’Hannah de mon récit est aussi riche pour moi qu’une mise en scène théâtrale, la jonction de nos deux perceptions.
Depuis l’adolescence, j’ai l'habitude de travailler en collectif avec des artistes de diverses disciplines. Après la solitude propre à la création, il est toujours bon d’ouvrir grand les fenêtres et les portes aux autres arts afin de s’en nourrir et d’offrir à son tour de la matière. Je crois que c’est pour ça que j’aime autant l’énergie des groupes d’artistes du début vingtième (Bauhaus, Wiener Werkstätte, Bloosmbury…) mais il est bon de vivre dans le présent et d'expérimenter ce partage avec mes contemporain.e.s.
Si Des phalènes ! est le début d’une aventure, qu’est-ce que tu te souhaites / vois pour la suite ? Comment envisages-tu les mois à venir ? Qu'est ce qui te réjouit ?
Dans les prochains mois, je me souhaite de belles rencontres avec cette pièce, que ce soit en librairie, en bibliothèque, dans des lieux de spectacle ou même en salon. Je n’ai pas d’autre ambition littéraire que de continuer à pouvoir me dire par l’écriture de fictions, et de trouver, en face, des personnes pour entendre ces récits et, si possible, les aimer et les faire vivre à leur manière. Je ne sais jamais quoi dire aux retours positifs que l’on peut me faire mais quand on me parle de douceur ou que ça a touché, je considère que j’ai réussi le travail.
Ce qui me réjouit aussi est le nouveau projet d’écriture qui germe dans ma tête depuis un mois ou deux. Des phalènes ! est né lentement et de façon assez douloureuse jusqu’à la félicité des dernières semaines. J’ai appris à m’autoriser avec cette pièce et cette expérience me permet d'envisager le futur plus sereinement : je suis une personne à “digestion lente” et pour qui des mois de jachère sont essentiels avant une libération physique de l’écriture, maintenant je le sais.
Je réfléchis à un diptyque de pièces queers, connectées entre elles, autour de l’amour et du désir, entre réalisme et fantastique : d’un côté, une comédie romantique et de l’autre, un monologue. Ouvrons, ouvrons les Possibles et voyons ce qu’il en sort. Tu viens ?
Propos recueillis par courriel en juin 2023.
Crédits photo : Madlen Roy, photographe
Comments